La question de la flexibilité du marché du travail revient de manière récurrente sur le devant de la scène. Les débats suscité par la loi EI Khomri au printemps 2016 en sont un exemple flagrant. La problématique générale peut se résumer de la façon suivante: la diminution du chômage passe-t-elle par une gestion facilitée de la main-d’œuvre pour l'employeur? Plus précisément, le débat se concentre sur l'éventuelle nécessité, pour réduire les durées de chômage de certains travailleurs, de permettre aux entreprises de se préparer plus facilement de leurs salariés, avec un minimum d'incertitude sur les coûts de cette séparation. Notre réflexion se bornera ainsi essentiellement à discuter de l'impact sur le chômage de la protection de l'emploi.
On le soulignera, il existe au niveau international des différences très importantes de régulation du marché du travail. Certains pays, essentiellement de culture anglo-saxonne, s'inscrivent traditionnellement dans une logique de laisse-faire, avec un marché du travail très flexible. Le Danemark dénote avec son système dit de flexicurité, combinant une faible protection des emploi à une forte indemnisation du chômage, ainsi que des politiques très développées en matière d'accompagnement et de formation des chômeurs. Enfin, des pays comme l'Italie ou l'Espagne se sont plus récemment lancés dans une logique de flexibilisation, avec un assouplissement des règles en matière de licenciement. La France tend timidement à emboîter ce pas, comme en témoignent les trois dernières réformes "à la marge " de notre système de protection de l'emploi sur lesquelles nous aurons l'occasion de revenir.
Mais pourquoi y-a-t-il autant de discordes et pourquoi est-ce si difficile de réformer dans ce domaine? Nous allons le voir, c'est que cette question renvoie à des mécanismes complexes, aux effets multiples, faisant que flexibilité ne rime pas nécessairement avec emploi. Pour autant, les études à disposition permettent de clairement identifier dans quelles circonstances une plus grande flexibilité peut s'avérer bénéfique en termes d'emploi agrégé. De même, certains travailleurs sont susceptibles d'être les premiers bénéficiaires d'une flexibilité accrue.
Après avoir effectué un constat empirique, dans une perspective internationale, sur la rigueur de al protection de l'emploi en France, nous aurons l'occasion de présenter et discuter ces différents points.